Fin octobre, Jean-Michel Durafour proposait sur Sitaudis une remarquable analyse des Figures de l’Amen d’Emmanuel Tugny, paru il y a quelques années aux éditions Gwen Català puis Eeeoys. L’occasion de replonger dans l’oeuvre foisonnante d’Emmanuel Tugny, auteur de plusieurs ouvrages chez Ardavena, dont son récent Corbière le Crevant et l’essai Variétés sur l’oeuvre de vivre.

Nous nous permettons d’en citer un extrait :
« La pensée occidentale a produit trois principes spéculatifs majeurs : le christianisme, le marxisme, le punk. Tout, peu ou prou, s’y rapporte. Peu importent les coups bas de la frustre chronologie. Ou autrement : la morale, le politique, l’esthétique (je schématise pour les besoins de l’exposé : le punk est une politique ; le marxisme, une esthétique, etc.). C’est à partir d’eux qu’on peut inférer une poétique et une métaphysique. Emmanuel Tugny, à qui nous devons une œuvre foisonnante, ne le sait que trop bien. Il a fréquenté saint Paul, a fréquenté Karl Marx, a fréquenté Sid Vicious. Ils sont le cantus firmus de sa poétique. Ses remarquables et brillantes Figures de l’Amen, reparues en 2022 chez Eeeoys (publication initiale par Gwen Català), creuset d’enharmonie, de diplomatie et de sotériologie, sont là pour nous le rappeler.
Il est difficile de parler d’un tel livre, si exigeant et dense. Je ne vais d’ailleurs pas essayer de le faire, mais plutôt de pointer deux ou trois choses qu’il nous dit. Extérieurement, l’ouvrage commence par s’inscrire dans la tradition de la poésie religieuse – mais ne s’y limite pas. Tugny convoque en notre esprit de glorieux prédécesseurs : Jean de la Croix, Charles Péguy, Verlaine (ce Verlaine-là si mal entendu encore) ; d’autres que nous avons appris à oublier : Jacqueline Pascal (la sœur), D’Arbaud de Porchères, et au-delà Lactance, Arator, Bède le Vénérable ou Thomas a Kempis. Comme Patrice La Tour du Pin – plus proche de nous –, le plus grand poète chrétien du siècle dernier, Tugny se glisse dans le costume trois-pièces de la versification traditionnelle (l’alexandrin). «