Enfances Occultes

« Arthur est revenu, ensuite, assez souvent. En ce moment même, d’ailleurs, il est vautré sur le canapé, un cigare à la bouche, un pied sous le tapis, l’autre entre les mains de Lulu qui lui cire les chaussures avec application et originalité, en rouge avec des voitures bleues et des palmiers dessinés au feutre. Comme Arthur regarde le plafond, il est calme. À côté d’Arthur est posée son éternelle valise, contenant tout ce qui peut lui servir, et le reste. Au cou d’Arthur pendent une petite croix en or et une amulette en crotte de chameau. On n’est jamais trop prudent. Arthur souffle quelques ronds bleuâtres au plafond et remarque : « Je ne comprends pas qu’on puisse ne pas croire en Dieu. »

Pascale Privey explore dans ce brillant recueil de trois œuvres en prose un nuancier littéraire où s’allient et se répondent orées de mondes, cruels babils, silences amers et, comme de chic, enfance d’un art tout d’élégance étrange et de tendre arythmie.