Sitaudis publie cette semaine un très bel article de Reine Mimran sur Variétés sur l’oeuvre de vivre d’Emmanuel Tugny. Une lecture sensible, pointue, humble autant que profonde, de cet inclassable recueil de fragments philosophiques, d’une poignante poésie.
Nous nous permettons d’en citer un extrait :
« A cet « art de lire » que Valéry croyait perdu, Emmanuel Tugny, répond ici, par un « art d’écrire ». Et même s’il affirme :
Je ne suis guère écrivain ; il faudrait pour cela que je fisse mienne l’idée du roulis de la langue sur soi en dépit de l’objection d’objets. Avant-dire, p.7
de chapitre en chapitre, il se montre, se révèle pleinement et totalement écrivain ; il est écrivain à travers une langue qui rend compte avec précision d’une pensée, d’une réflexion philosophique certes subtile, mais féconde, à travers une langue qui lui appartient, une langue assurément complexe, ardue parfois, mais chantante, une langue aux accents religieux, une langue neuve qui séduit par ses recherches, ses « fabrications », ses retrouvailles, ou ses inventions linguistiques, par ses fulgurances poétiques, musicales, une langue différente de tout ce qu’on peut lire aujourd’hui. Et c’est cette langue et cette pensée précisément qui initient chacun de nous à cet « art de lire » exigeant que Valéry attend de tout lecteur digne de ce nom. »