Dante, fragments
Œuvres de Pascal Pistacio

Se confronter à Dante exige « d’oublier modestie et orgueil » précise d’emblée Pascal Pistacio. Cela constitue néanmoins une sorte de défi à relever, de même que Virgile a représenté pour Dante une source d’inspiration. Sans cet enchainement, point d’histoire de l’art.

Un élément du récit à la structure narrative complexe, le chant XXI, suggère :

Et s’il vous plait de pousser plus avant,
Montez jusqu’à cette grotte : on y trouve
Une autre roche qui livre chemin.
(Traduction Emmanuel Tugny)

De quel chemin s’agit-il ? Où mène-t-il ?
On suppose alors que le chant XXI constitue une sorte d’élément déclencheur, de point de départ à l’art auquel conduit ce chemin.

La question du support à celui-ci est précisée. Il s’agit d’une grotte et d’une roche et donc de l’art rupestre auquel Dante fait par ailleurs référence.

Le papier sera le matériau de création de Pascal Pistacio afin de créer un espace de représentation, une projection du récit de Dante dans une autre dimension.

Il incisera le papier d’un geste « ferme et doux » comme il le ferait sur la paroi d’une grotte, le geste même du sculpteur tel qu’il le développe dans sa pratique artistique habituelle.

« Je sculpte à l’aveugle » précise-t-il, jusqu’au stade où le dessin apparaît qui révèle des formes inattendues. Cette conjonction de matériau et du hasard du geste, permet de rendre « le mouvement dans la fixité qui est l’objet de l’art » selon Claudel.

Mouvement omniprésent qui anime les figures de l’art rupestre et qui leur confère un relief particulier.

C’est le cas des formes foisonnantes présentes dans les papiers gravés de Pascal Pistacio. Elles tombent, glissent entrainées dans un mouvement descendant qui scande le périple infernal de Dante.

L’usage du pastel sec appliqué au doigt sur le papier produit des effets chromatiques d’une grande sensualité qui font écho au récit imagé de Dante.

De même que la fragilité et la vulnérabilité de la figure humaine constituent le sujet de l’œuvre sculptée de Pascal Pistacio. Dans cette série de gravures, il nous confronte à l’âme humaine, à ses tourments, à l’expérience humaine dans ce qu’elle a de plus violent, de plus cruel, de plus inhumaine.

Mais l’art permet que « seuls comptent la beauté et le vibrant » précise-t-il. L’art qui, pour Baudelaire, permet d’échapper à l’enfer, au mal et ouvre vers l’infini par la beauté.

Amélie Pironneau
Historienne de l’art
Commissaire d’exposition

Article tiré du site de Pascal Pistacio